Dak’art 2022 : transgressions ou renouveaux ?

Article : Dak’art 2022 : transgressions ou renouveaux ?
Crédit: ©Komlan Daniel
20 juin 2022

Dak’art 2022 : transgressions ou renouveaux ?

Badge de la biennale de Dakar
©Komlan Daniel

À la fin de cette année, la Biennale de Dakar ne sera pour beaucoup qu’un événement de plus, une biennale parmi tant d’autres sur le continent. Mais pour moi jeune africain (avec tout ce que ça implique), c’est un pèlerinage au cœur d’un combat dont je suis soldat : la souveraineté de l’art Africain. C’est ce qui explique d’ailleurs clairement ma posture dans cet article et habille mon avis de toute sa légitimité.

Un mauvais procès de la presse occidentale 

Juger l’organisation de la biennale et aller jusqu’à sous-entendre sa médiocrité comme “le quotidien de l’art” dans son numéro 2399, c’est un peu oublier trop vite ou manquer de voir que les référentiels ne sont plus les mêmes et qu’ils sont en pleine mutation.

Visiteurs à la biennale de Dakar
Visiteurs au vernissage de l’expo ï »NDIAFFA
©Komlan Daniel

Il est plus facile d’accepter de ne pas croire en des situations qui font entorse aux règles conventionnelles. Des règles qu’on s’attend à voir appliquer surtout lorsqu’il s’agit de l’art. Mais si on sort des conventions, c’est qu’il y a bien une raison. À mes yeux, l’art contemporain africain est juste victime d’un conflit de paradigme. L’opposition entre la représentation “universelle” dont on a de l’art contemporain et des structures qui y gravitent autour (hérité de l’occident et accessoirement des États-Unis) et les réalités propres à l’art contemporain africain auxquelles il faudrait faire face. En effet, ce conflit de représentations et de valeurs peut amener à penser qu’il y a un problème dans la manière dont l’Afrique s’organise autour de son art. L’art contemporain africain est aujourd’hui partagé entre obéir aux règles d’une vision occidentale de l’art vieille de plusieurs siècles et ses particularismes, ou réécrire de façon progressive et synergique son propre vocabulaire de l’art. Quoi qu’il en soit, le plus important est qu’il est au moins conscient du dilemme.

L’essentiel à retenir…

Jeune fille écoutant une installation sonore à Gorée
©Komlan Daniel

En effet, la 14e Biennale internationale d’art contemporain de Dakar a pas mal de choses à se reprocher (ponctualité, communication des programmes, finition des travaux..etc) mais peut également être fier d’avoir fait le nécessaire pour que les artistes puissent s’exprimer librement.

J’étais à Dakar tout comme de nombreux autres professionnels d’art venus du continent et je suis prêt à parier que je ne suis pas le seul à penser que le Dr El Hadji Malick Ndiaye et son équipe ont fait le nécessaire. Bien sûr qu’il y a des insuffisances, des imprévus, de nouveaux défis à relever, mais n’est-ce pas le propre des grands événements ?

Par ailleurs, la bien-pensance de certains analystes voudrait que les rendez-vous artistiques sur le continent soient des événements concurrentiels au sens le plus aigu du terme. Que la biennale du Congo soit la rivale de la biennale de Dakar et que Ségou’Art soit le concurrent direct de la KampalaArt. Mais moi, je vois (dans ma naïveté que j’assume complètement) l’ensemble de ces rencontres comme les pièces d’un même et grand puzzle. Un tout qui porte haut et fort le discours et la vision, la diversité et le patrimoine d’un continent.

Au-delà de tout, le plus important à garder dans les mémoires, à mon avis, c’est la grandeur d’un événement qui au-delà de son caractère politique avec tout ce que cela implique s’est affranchit  des espaces muséales de légitimation muséale de façon à questionner le rapport des Africains à l’art à travers et se faisant avec près de 400 expositions “off” dans la capitale sénégalaise et ses environs.

Partagez

Commentaires